En quittant son conjoint, Sylvie (*) pensait en finir avec la pression d’un homme follement jaloux et possessif. Mais la situation a empiré. Le tribunal jugeait jeudi dernier une affaire de harcèlement proche de la « torture ».

Maître Anne Berthelot emploiera le mot de « torture ». La femme qu’elle représente tremble quand le président la fait venir à la barre. Même si l’homme contre qui elle a porté plainte est en détention provisoire depuis cinq semaines : « J’ai peur en permanence. Quand je pars travailler, quand je vais chercher mon enfant à l’école, quand je suis chez moi. J’ai clairement peur des représailles quand il va sortir. »

« Je suis devenue son obsession »
F.V., 38 ans, est jugé pour plusieurs épisodes de harcèlement, chantage et menaces, dont le plus ancien remonte à décembre 2018, juste après la séparation du couple. « Je le connaissais jaloux, possessif. Ça a dérivé vers une obsession. Je suis devenue son obsession. »
F. V. traque sa compagne avec un acharnement inouï. En deux ans, la police dénombrera pas moins de 82 000 sms, mails et appels ! Il espionne son téléphone et son ordinateur. Il la suit et surgit à l’improviste. Il la filme, poste sur Facebook les images légendées avec des insultes, menaces et humiliations. Il y étale aussi leur ancienne vie privée. Sylvie travaille dans l’Éducation nationale. Plusieurs parents d’élèves l’alerteront.

Un homme ambivalent avec une double personnalité.
« Je suis détruite. Il est en train de détruire mon enfant », avait dit Sylvie aux policiers. Maître Berthelot compare sa cliente ç une tortue « qui s’est construit une carapace sous laquelle elle s’est recroquevillée ». Les violences psychologiques sont telles que la médecine légale lui a accordé cinq semaines d’incapacité. Le président Ludovic Duprey interpelle le prévenu : « Ça fait froid dans le dos non ? » F. V. n’apporte aucune autre explication que : « J’étais en colère. »

Sylvie n’est pas seule sur le banc de la partie civile. À ses côtés, il y a l’ancien chef de F. V., qui était cuisinier dans un lycée, avant de se faire renvoyer après un conflit. F. V. s’est vengé en insultant son ancien chef sur Facebook. Il y a aussi la directrice de l’école de l’enfant. Également victime de la colère de F. V., elle s’est fait insulter sur les réseaux sociaux.
La procureure Morgane Kleine requiert dix-huit mois de prison, dont quinze ferme avec maintien en détention. Pour Maître Laurent Aboucaya, en défense, F. V. n’est pas « un monstre mais un homme ambivalent avec une double personnalité. Il est capable d’exprimer les choses de façon sensée mais en même temps, à fleur de peau, sans aucun filtre ». F. V. a été condamné à deux ans de prison : dix-huit mois d’incarcération puis un suivi sociojudiciaire pendant deux ans avec diverses obligations à respecter sous peine d’aller six mois de plus en prison.

(*). Pour préserver l’anonymat de la victime et de son enfant, le prénom a été changé et l’affaire n’est pas localisée.